jeudi 25 août 2011

Pré-programme des rencontres...

Avez-vous déjà entendu parler du terret-bourret ? Connaissez-vous la réputation sulfureuse du noah ? Avez-vous déjà goûté les saveurs de l'arbane, de la counoise ou du portugais bleu ? Tous ces cépages rares, méconnus, en voie de disparition ou tout simplement discrets ont la particularité commune de vivre dans l'ombre de leurs prestigieux voisins, les trop fameux cabernet-sauvignon, syrah ou pinot noir. A l'heure où le simple mot « chardonnay » est devenu une sorte de sésame universel, capable de faire frétiller la ménagère du New-Jersey comme l'employé du mois d'un centre d'appel de Bengalore, le surfeur néo-zélandais ou l'investisseur chinois, le journaliste et chroniqueur Philippe Meyer s'est mis en tête de défendre ces cépages modestes et de leur consacrer un festival annuel. Avec la complicité de Jean Rosen (directeur de recherches au CNRS), d'André Deyrieux (sommelier-conseil), d'Emmanuel Giraud (artiste et journaliste), d'Antoine Pavageau et d'Alexis Dupont, il a fondé une association loi 1901 afin de promouvoir ces curiosités ampélographiques...

C'est au coeur de l'Aveyron, région viticole oubliée des autoroutes de la médiatisation, qu'aura lieu la première édition de ces « Rencontres des cépages modestes », le week-end du 29 et 30 octobre prochain. Conçue comme une modeste préfiguration d'un festival qui prendra sans doute plus d'ampleur les années suivantes, cette rencontre inaugurale ouverte à tous les amateurs, grand public comme professionnels, se déroulera autour d'un petit nombre de vignerons, de scientifiques et d'amoureux de la vigne. Le vignoble jurassien, avec ses cépages trousseau et poulsard, sera l'invité d'honneur de cette manifestation.
 
Dès le samedi matin, l'historien Gilbert Garrier ouvrira le bal avec une conférence sur le fer servadou – autrement appelé mansois ou braucol – , cépage de l'appelation marcillac, que l'on retrouve également dans d'autres vignobles du sud-ouest, comme le gaillacois.

Au cours de l'après-midi se tiendra le premier débat autour de l'enivrante question du degré, avec Anthony Tortul, du domaine de la Sorga (Hérault) et Nicolas Carmarans, ancien patron du Café de la Nouvelle Mairie (Paris) et désormais vigneron installé à Campouriez (Aveyron). Pendant longtemps, le titrage alcoolique d'un vin a été synonyme de qualité, et seules les cuvées qui atteignaient – le plus souvent, avec force chaptalisation – la barre fatidique de 12,5 % s'affichaient triomphalement comme le nec plus ultra de la production viticole. Les progrès de la vinification et les récents effets du réchauffement climatique ont radicalement changé la donne pour quantités de vignerons du sud. Ceux-ci se voient aujourd'hui confrontés à des degrés d'alcool totalement exubérants, posant de réels problèmes de buvabilité. Face à cette augmentation préoccupante du degré d'alcool, certains vignerons se tournent désormais vers des cépages anciens, abandonnés en raison leur trop grande délicatesse et de leur faible production de degré. Le renouveau des cépages modestes va-t-il permettre le retour d'un équilibre alcool / plaisir dans les vins du sud ? Cette démarche n'est-elle pas sans risque, en cas d'année froide ?

La journée se terminera par un grand repas vigneron autour des spécialités aveyronnaise, dont l'incontournable aligot, puis, sous la houlette de Philippe Meyer, ouverture du cabaret-chantant aux accents mélodieusement avinés.

Enfin, le dimanche matin, ces rencontres se concluront par une discussion à plusieurs voix autour de la défense et de l'illustration des cépages modestes. En dialogue avec leurs confrères aveyronnais, les vignerons jurassiens témoigneront de leur expérience, ainsi que de leurs difficultés et succès à faire connaître et apprécier le trousseau et le poulsard dans une économie mondialisée, parkerisée, double-barriquée et qui semble parfois en voie d'uniformisation gustative.


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